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Yann Esposito (Yogsototh) c1d2459d0c
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2024-08-14 11:35:42 +02:00

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Ordre des Informaticiens

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Bonjour,

Avant de commencer à entrer sur le vif du sujet. Quelques précisions sur cet email.

J'ai envoyé ce mail à quelques destinataires choisi. Seulement des personnes que j'apprécie et qui j'estime pourront en retour apprécier cet email.

Il s'agit d'une longue lettre. C'est un format inhabituel qui s'est perdu avec nos nouvelles habitudes de consommations immédiates et courtes. Je pense qu'il est grand temps de faire renaître ce type de communication de fond. Cette forme permet d'aborder des sujets de fond.

Introduction

Bonjour à tous.

Cette année fût forte en rebondissements et nouvelles de toutes sortes. Ce sont certainement les signes d'un changement profond de notre façon de vivre qui se dessinent.

Personnellement, cette année m'a demandé un engagement dans mon travail inhabituel. Et donc pour la plupart d'entre vous je n'ai pas pu discuter autant que je l'aurais aimé. J'ai eu la chance de pouvoir prendre quatres semaines entières de congés. Malgré ces vacances, je n'ai pas totalement pu récupérer de l'effet de ce surplus de pression et de travail intense.

Par contre les vacances et le repos sont propices à la réflexion et c'est pourquoi j'aimerai partager avec vous le fruit de mes quelques réflexions d'été. Comme je l'ai dis, j'étais assez épuisé nerveusement. Je n'ai donc pas pu lire de livre de fond, ou « geeker » en explorant de nouveaux outils, languages informatiques, etc… Mais, je pense avoir une idée qui pourrait s'avérer intéressante.

Si on reste dans le milieu des « geeks », on voit toujours les mêmes questions revenir. Souvent un individu ou un groupe d'individus essaye de résoudre ces problèmes d'une manière ou d'une autre. Généralement avec une réponse technique. Dans notre milieux c'est une erreur classique de répondre à un problème humain par une solution technique.

Jusqu'ici, j'ai l'impression que les arguments tournent en rond. Et que les solutions aussi reprennent de veilles idées qui ont échouées.

Alors quels sont ces problèmes:

Reconnaissance de l'Informatique

Notre métier n'est pas reconnu à sa juste valeur. Du moins en Europe. Pour moi, l'informatique devrait être une profession au sens sociologique. Aujourd'hui nous sommes de vulgaires ouvriers spécialisés. La raison principale je pense c'est qu'on laisse l'informatique se réduire à la programmation. Hors l'informatique va beaucoup plus loin. Elle s'immmisce dans énormément d'activités modernes. Et cet état de fait n'est pas reconnu, ni visible par la culture Française et par la classe politique. Je dis Française, mais je pense c'est le cas dans le monde entier à l'exception des USA où Barak Obama lors de son discours d'inoguration avait un mot relatif à l'informatique et nouvelles techno pour tous les domaines de l'État. L'armée, la finance, la santé, l'éducation, etc…

De mon point de vue l'Informatique mérite une meilleure place dans nos sociétés. Un nouveau domaine de spécialité Humaine qui devient de plus en plus indispensable à tous comme l'accès à l'eau potable ou à l'éducation.

Mise à mal du progrès

C'est une réflexion que je partage souvent. La différence fondamentale entre progrès et innovation.

Le progrès profite à toute l'humanité. Comme la découvert d'un vaccin, d'un nouveau soin.

L'innovation se restreint à avoir de la plus value financière. Et récemment il y a beaucoup d'innovations qui se soldent par une régression au lieu d'un progrès pour le reste de l'Humanité.

J'espère encore que l'équilibre global reste positif. Mais il est difficile d'en juger à cours terme.

Le fond de ce problème c'est qu'une très grande partie des cerveaux passe sont temps sur du travail régressif. Je pense à Google, FB, mais aussi une majorité des applis web, etc… Il existe aussi un philosophe qui a évalué à plus de 80% la part des informaticiens qui travaillent sur des "bullshit jobs". Donc des domaine avec progrès nul ou négatif.

Brigading

Par brigading j'entends les nouveaux mouvements de foules sur les réseaux sociaux. Parfois ses effets sont positifs, parfois négatifs mais assez souvent assez hératiques avec un peu des deux cotés.

Précédemment il me semblait qu'il s'agissait d'un problème mineur. Un problème aussi plutôt restreint au web. Aujourd'hui le problème se répand tel un cancer social dans la vie réelle. Il est presque impossible de parler de certains sujet sans voir apparaître des intervenants contres productif à toute discussion appaisée sur le web. Mais de plus en plus d'idées saugrenues font leur apparition lors des diners de famille.

De plus il semble de plus en plus évident que l'influence sur les réseaux sociaux est devenu plus qu'un business mais une arme internationale. Même les petites communautés spécialisées comme Hacker News, Lobsters, ont des agents qui perturbent les discussions.

Ces attaques d'argumentation ont un effet mécanique et efficace. Le niveau d'intelligence semble diminuer avec chaque nouvelle réponse dans un fil de discussion.

Ces problèmes ont toujours existé auparavant. Mais je trouve que l'ampleur récente est nouvelle et inquiétante.

Il est aussi très important de remarquer que l'intelligence n'est en rien un bouclier aussi efficace que l'on pourrait l'imaginer contre cest attaques. Il faut faire preuve d'un apprentissage constant pour faire face aux nouvelles techniques d'influences. Beaucoup de nos proches et une grande partie de la population n'est simplement pas armée pour faire face à ces attaques.

Le "brigading" renforce l'effet de stagnation en empêchant les idées de s'élever.

L'open source n'est pas rétribué à sa juste valeur

Les fondations de tous les systèmes informatiques mondiaux ne progressent presque plus. Les créateurs de logiciels libres ne sont pas rétribués pour le bien qu'il produise.

C'est un problème qui me semble classique. Le salaire ne correspond pas à l'utilité sociale des individus. Je pense même que dans beaucoup de cas, et pour les informaticiens c'est presque l'inverse.

Ma petite expérience lors de mes vacances; les Cisterciens

Nous sommes allé avec Krystelle visiter l'Abbaye cistercienne du Thoronet.

La visite fut vraiment très agréable mais aussi inspirante. Je vous la conseille. Ce n'est pas relié avec le reste de ce mail mais le son de la chapelle est unique. Le seul autre batiment mondial qui le dépasse en terme de durée de raisonnance est le Taj Mahal.

Tout d'abord, je n'étais pas familier des Cisterciens. En quelques mots il s'agit d'un ordre catholique créé au début du XIIe siècle qui voulait revenir à l'essentiel de la chrétienté. L'ordre estime que les chrétiens se sont perdus avec l'accumulation de richesses.

Très vite à l'aide de la force d'influence d'un seul moine de nombreuses abbaye Cisctersciennes sont créées. Attention, très vite ne signifie pas la même chose que pour nous. Il faut aussi imaginer les différences de la relation au temps de l'époque. Trois moines sont envoyés d'une autre abbaye « mère » dans la région du Thoronet pour demander des terres au seigneur local. Ces moines étaient des nobles avec de l'argent. Le temps d'obtenir les terres, de trouver le meilleur lieu de construction il faudra 20 ans avant de poser la première pierre de l'Abbaye. Il faudra encore 20 ans pour finir la chappelle et encore 60 ans pour finir l'Abbaye dans son entier. Environ un siècle.

Pour son époque l'Abbaye est très en avance technologique. Il y avait une fontaine avec l'eau courante au XIIe siècle. Tout au long de son existence l'ordre à toujours été à la pointe de la technologie. Les moines étaient très instruits et ouverts d'esprit contrairemment à ce que pourrait laissé penser leur mode de vie.

Les règles bénédictines sont très strictes. Recherche de l'isolement, pauvreté intégrale, refus des bénéfices ecclésiastiques, travail manuel, autarcie. Ça ne rigolait pas.

Les cisterciens se méfient de la parole. Tous les jours, ils se réunissent pour lire les règles bénédictines. C'est le seul moment où la parole peut-être émise. Avant de rentrer dans la sale, il y a des symboles qui rapellent que la parole peut à la fois être utilisée pour le bien ou pour le mal. Il convient donc de ne pas parler sans y avoir préalablement bien réfléchi.

Autre détail intéressant sur l'organisation sociale. Tout devait être fait pour la méditation et le recueillement tout en ne négligeant pas le travail manuel. Mais certains métier étaient nécessaires. Il y avait donc d'autres groupes d'individus qui sans être moines devaient aussi respecter des règles de vie très strictes. Il fallait un an de mise à l'épreuve avant d'être admis.

L'organisation de l'ordre est interressante aussi. Pour éviter des prises de pouvoir qui iraient contre la vision de l'ordre. Chaque année le moine principal d'une abbaye mère descend pour vérifier les comptes, ainsi que l'état et l'organisation de l'abbaye. Et pour la 1ere maison mère ce sont les filles qui faisaient aussi son inspection. Pas de culte de la personalité chez les Cisterciens. Même les moines avec des responsabilités n'était pas au dessus des autres.

Il s'agit des charactéristiques principales que j'ai retenu. Évidemment on a envie de faire le lien avec l'informatique. Nombre d'informaticien ont perdu leur voie pour gagner leur vie. Il est aujourd'hui très difficile de gagner un salaire honnête en faisant de l'open source/free software.

Nous ne sommes plus à une époque où nous voudrions sacrifier nos vies pour nous consacrer à un but transcendental comme un super projet open source.

Cependant il y a je pense dans cette histoire cistercienne de quoi nous inspirer pour la création d'un ordre des informaticiens. Mais à condition de le penser sur le long terme et de bien préparer sa place. Même si la création d'une telle communauté échoue à devenir influente elle pourra participer à un effort dans la bonne direction dont en étant une expérience agréable et enrichissante pour ses participants.

La solution que je propose de faire ensemble

Il est temps d'esquisser une première proposition sur ce que nous pourrions faire pour être moteur de progrès. Et si nous le sommes déjà comme certains d'entre vous, comment peut-être faire encore mieux.

Tout d'abord, je pense que le premier point important à garder à l'esprit c'est que je propose de faire quelque chose sur du temps long. Pas de précipitation, même si rien n'empêche, bien au contraire de commencer à faire des choses.

l'Ordre

Mon idée serait de former un « ordre des informaticiens ». Je n'aime pas trop ce nom, mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour l'instant. Même si on le traduit, je pense que j'utiliserait quand même "Informatician" qui reprensent plus ce que nous sommes. On est pas des "Computer Scientist". L'ordinateur pourrait disparaitre, notre métier serait toujours utile.

Je pense qu'on peut se donner quelques années avant de vraiment sortir et s'appeler « ordre des informaticiens ». De plus je pense que tous les informaticiens de métier ne pourraient pas faire parti de cet ordre. Il devrait y avoir des critères plus restrictif que juste savoir utiliser quelques outils et savoir programmer.

Le but premier de cet « Ordre » serait donc promouvoir le progrès. Comme le but de l'ordre des médecins et de promouvoir la bonne santé.

Mais un « ordre » pourrait aussi avoir des avantages évidents avec l'extérieur.

Gagner une autonomie et sa place au sein de la société. Autonomie de la formation. L'« ordre » décide de comment former ses membre et des règles internes. Promouvoir ses intérêt et celui de ses membres. Entre-aide. Etre une voix pour promouvoir les différences fondamentales entre les informaticiens et d'autres groupes d'ingénieurs ou scientifiques qui justifient que les informaticiens deviennent une profession (toujours au sens sociologique).

À l'intérieur de l'ordre par contre les sujets abordés seraient très différents. Forum de question sur comment se rendre utile et moteur de progrès ? Quelle serait la méthode la plus efficace ?

Et évidemment dans une environnement adapté à nos vie modernes. Je n'imagine pas nous retrouver dans une Abbaye cachée pour coder du matin au soir.

Même si ça fait un peu sectaire, je parlerai de l'Ordre sans les guillemets pour la suite.

Pour vivre heureux vivont cachés

Comme les moines cisterciens il me semble important d'avoir un lieu protégé de l'extérieur. Lors de mon arrivée sur le parking de la visite de l'Abbaye du Thoronet, on ne voyait rien. Pas de bâtiment visible. L'abbaye était cachés.

Il me semble que c'est une bonne solution pour éviter d'être vu et ensuite attaqué par des systèmes d'influences court-termistes. Pas de forum ouvert. Je pense même qu'on peut aller plus loin. J'ai vu des communauté comme le tildeverse. Il s'agit d'ouvrir un compte ssh sur une machine à des individus. Et celà devient une sorte de réseau social clos. Réservé aux personnes qui savent utiliser ssh et qui ont donc une connaissance technique non nulle.

Je pense aussi que même si on est entre nous. Nous baignons dans une environnement très bruyants. Nous ne pouvons pas toujours nous faire confiance pour être dans un état d'esprit calme et raisonnable nécessaire à ce type de lieu de rencontre.

C'est pourquoi je pense que l'entrée devrait imposer une sorte de temps de pause à chacun. Le temps de reprendre ses esprits loin de toute notification ou imperatif extérieur. Il faudrait arriver à communiquer lorsque l'on sait que l'on va avoir un temps isolé et calme prompt à la réflexion. S'imposer de couper toutes les sources potentielles de notification. Retrouver en quelque sorte un lieu où on se sente bien entre individus de confiances.

Dans un premier temps communiquer par mail encrypté avec GPG est déjà un moyen de restreindre le groupe. Mais je pense qu'il faudrait conserver des archives visible par tous ceux qui pourraient le rejoindre à l'avenir.

Constitution

Concernant les règles des groupes. Il est clair si l'on regarde tous les forums et réseaux sociaux, il existe une taille critique qui fait que l'on passe d'une expérience agréable à un système qui va privilégier la réaction plutot que la réflexion. Voici donc une proposition pour gérer la scalabilité de l'Ordre. Bien entendu inspirée par des propositions connues d'organisations décentralisées.

Pour éviter l'effet "Eternal September" je pense qu'il faudrait une constellation de réseaux sociaux mais très limités en nombre de participants. De plus imposer une stabilité des participants; on reste dans le même groupe et on ne participe pas à plusieurs groupes sauf exception. Et ce pour rendre quasi totalement impossible l'effet "buzz".

Il me semble avoir lu qu'un individu ne peut pas vraiment connaitre plus de 120 personnes. Donc si nous limitons la taille du groupe à 120 (peut-être même juste 60) on peut faire un groupe où chacun de nous pourra en quelque sorte connaître assez bien tous les autres individus. Evidemment un tel système devrait être sur invitation seulement. J'irai même plus loin. Il faudrait dans une première phase n'inviter que des gens assez proches.

Lorsque le groupe atteint un seuil, il est alors nécessaire d'établir un autre groupe séparé du premier. Je pense qu'il faudrait des volontaires du groupe pour monter le suivant. Ces volontaires seraient ensuite garrant de conserver le même esprit progressiste et amical dans le groupe « fille ».

Et comme les Abbayes qui se surveillaient les unes les autres. Il serait très intéressant d'entretenir une relation similaire. Comparer les réflexions des groupes. Vérifier si un groupe se spécialise. Si differents groupes convergent ou divergent. Avoir de façon régulières mais peu fréquentes des "synchronisations".

Prendre les meilleures idées, discussions, productions de chaque groupes et le promouvoir aux autres groupes. Pour éviter un effet "overflow" et "buzz" la synchronisation sera limité aur relation directe mère fille (dans les deux sens je pense) et aussi prendre gare à désynchroniser les dates de ces synchronisations. Et bien entendu imposer un nombre maximal de « filles » d'un groupe.

Détail des Principes

Je pense qu'il faut lier un ordre à un ensemble de grands principes. De plus il faut non seulement énoncer les principes mais leur hiérarchies. Car si toutes les sociétés prônent les même principes c'est leur hiérarchie qui diffère.

Pour moi le principe fondateur c'est la promotion du progrès. Et le plus difficile se mettre d'accord sur une définition suffisamment précise du progrès pour pouvoir le distinguer. Progrès individuel, social, technique, etc… Souvent différents points de vus s'opposent.

Comme la parole était suspicieuse pour les cistercien certains détail de nos communication devraient aussi être regardé d'un œil suspicieux et si possible être évité.

Le contenu

Pas de news

Si on voit quelque chose sur Hacker News, reddit, etc…

Une mise à jour, une dernière nouveauté, un nouveau service en ligne, un nouveau PC, téléphone, gadget.

De la politique.

À 99% ce ne devrait pas avoir sa place dans les discussions sur ce groupe.

La plupart des discussions politiques devraient être exclues. La plupart des informations qui datent de moins de 6 mois.

Je pense qu'il pourrait y avoir certaines exceptions; les décès de personnes proches de la communauté. Les news touchant directement un des membres du groupe ou de l'Ordre, etc… Peut-être des discussions de fond sur des mouvements politiques mais rien de récent.

Il faut à tout prix éviter de s'embourber dans les discussions emotionnelles. Typiquement, pendant le COVID, il faudrait éviter d'en parler complètement à l'exception des détails techniques. Le but de ces groupes de discussions sont la recherche du progrès à long terme. Le temps passé à discuter de ses peurs, émotions, dernières nouvelles reviennent à regarder sidéré BFM TV pendant des attentats ou n'importe quel autre évênement stupéfiant.

Au contraire, cet espace devrait être préservé du quotidiens et de l'évênementiel pour se tourner vers du méditatif à très long terme.

Presque pas d'humour

Sans vouloir l'interdire totalement certaines des formes de l'humour devraient être prohibés dans les communications.

C'est la malheureuse conclusion à laquelle je suis arrivé.

Pour plusieurs raisons mais qui se rejoignent par le fait que l'humour se partage mal hors d'un groupe d'amis.

Les sensibilités de chacun sont différentes. Une remarque humoristique qui nous semble innocente sera perçue comme offensante par une personne ayant une histoire et une sensibilité différente.

Si les communications du groupe sont publiés il ne faudrait pas qu'elles soient mal interprétés ou puissent être utilisé pour attaquer le groupe via des canaux extérieurs.

J'ai bien peur que pour le bien du groupe il faille refuser un humour de détente pour se contenter d'un humour politiquement correct ou d'un humour subtil plus difficile d'accès. Par humour subtil j'entend un humour qui passerait par des critiques de raisonnements un peu avancé.

Pas d'humour de détente

Je pense toutes les formes d'humour relatives à la distraction; les mèmes Internet, les petits chatons, les blagues.

Pas de sarcasme

Je suis le premier à utiliser le sarcasme sur le chat, les forums dans la vie courante. Cependant, dans un système avec archive impossible à supprimer une phrase peut simplement être utilisée hors de son contexte. Plus que ça, il n'est pas toujours compris et c'est ce qui fait le drôle de la situation. Le petit moment de flottement où les individues ne savent pas si l'on est sérieux ou pas.

Je pense que dans les communications sur les groupes, ce ne peut être acceptable.

Pas d'exagérations

Pas d'exagération non plus, de tournure déplaisante, etc… Si on dit "c'est carrément fasciste" il faut que vous pensier vraiment que l'acte décrit soit au niveau historique du fascisme. Evidemment il faudrait absolument éviter le point Godwin. De cette manière les règles seront aussi très strictes.

Pas d'anecdotes

Encore une remarque pour garder son sérieux et éviter des débats inutiles. En gros il s'agit d'éviter les "Logical falacies" et autres erreurs de raisonnements.

La plupart du temps, les anecdotes font partie de ces informations qui n'ont que très peu de valeur de fond. Elles peuvent par contre être utilisées en contre argument d'une fausse généralité.

Asynchronicité

À peut-être quelques exceptions près. Les communications au sein du groupe devraient être asynchrones. Chaque individu devrait avoir le temps de penser la réponse à un texte, un commentaire. Les communications mêmes anciennes ne devraient pas disparaître comme on le voit sur les sites comme HN, reddit. Au contraire, on peut prolonger une discussion sans fin ou très longtemps. Et la discussion, l'activité doit encore être visible.

De même les discussions les plus importantes relatives à la prise de certaines décisions de groupes devraient faire parti des productions publiques du groupe.

Privé vs Read-only

Je pense qu'il serait bénéfique que les productions du groupe soient publiques. Mais je pense que les discussions internes ne devraient pas nécessairement l'être. Celà permettrait d'avoir des discussions dans une bulle où nous pourrions avoir confiance en la bonne foi de chacun des participants. Tout en sachant que les détails de la discussion ne fuiteront pas vers le domaine public pour éviter un brigading possible.

En ce qui concerne les productions, je pense aussi que dans la plupart des cas il faudrait qu'elles soient read-only pour l'extérieur du groupe.

Si c'est du code, le repository reste read-only. On autorise les forks, mais on autorise pas les non-membres à participer. C'est un peu dur, mais sinon, celà ouvrirait une brêche où pourrait s'engouffrer les trolls, le brigading… J'imagine qu'on pourrait trouver un système intermédiaire mais, je ne vois pas quelque chose qui me parraisse correct pour l'instant.

Pseudonyme pour l'extérieur pas d'anonymat pour l'intérieur

Il me semble difficile d'intégrer de l'anonymat au sein du système. Il faudrait éviter à tout prix qu'un individu triche en se faisant inscrire dans plusieurs groupes en même temps. J'imagine que l'on pourrait trouver un moyen technique qui obligerait tous les membres de tous les groupes à se connecter en même temps dans certaines conditions pour éviter les duplicata de compte.

Mais il faut connaître le vrai nom des gens au moins entre membres du groupe. Pour les archives publiques, il me semble au contraire préférable d'avoir le maximum d'anonymat pour éviter toute possibilité de pression extérieure.

Il me semble donc cohérent d'avoir un nickname différent de celui que l'on utilise ailleurs.

Règles

Les cisterciens ont des règles très strictes d'hygiène de vie à respecter tous les jours. Je pense que c'est totalement hors de propos pour le type de communauté à laquelle je pense. Au contraire, je pense qu'au delà des principes et d'une forme de recueil technique pour éviter les prises de pouvoir. Il ne faut pas de loi, pas de règle, pas de process qui ne soit modifiable par le jugement de bonne foi.

Si on part sur du progrès et que la communauté se constitue de personnes de confiance. La communauté doit avoir le droit de changer radicalement toutes les règles.

nb: c'est l'exact inverse de ce que propose les cryptos avec des constitutions dans le marbre.

Donc il y a une tension ici. D'une part j'ai énoncé des règles constitutionnelles pour éviter des prises de pouvoir. De l'autre je considère qu'il faut un moyen de réforme absolue basé sur la bonne foi des participants. La fondation immuable devrait être cette idée de progrès qui ne doit jamais être confondu avec une idée d'innovation ou autres stratagèmes.

Banissement

Si une personne emet un avis totalement en désaccord avec l'esprit progressiste du groupe il devrait être banni. Il pourra utiliser twitter pour faire valoir son opinion.

Dans ce cas, je propose que le bannissement demande au moins l'accord de 3 membres du groupe. Dont probablement un membre considéré comme modérateur. Je pense qu'il faut quelques membres qui soient considérés modérateurs, opérateurs. Celà ne devrait pas particulièrement leur conféré des privilèges mais plutôt des devoirs de maintenance.

Arrivée dans le groupe

Il fallait un an pour passer de novice à moine. Il me semble que c'est une bonne façon de faire. Avoir une période d'essai qui ne serait pas nécessairement un an. Après un vote si possible secret à l'hunanimité un membre pourra soit devenir membre définitif, soit reconduire sa période d'essai, soit être rejeté par la communauté.

Financement

De même que les cisterciens commencèrent à accumuler de l'argent avec beaucoup de dons mais aussi beaucoup d'innovations et découvertes techniques. Il me semble que l'idéal serait que la compétence de chacun des membre puisse favoriser le progrès mais aussi les innovations qui en découleraient. Et pouvoir utiliser celà pour financer le mouvement. Pour moi il faut un plan à la SpaceX mais pour l'open source.

Avoir un objectif lointain de fonder un Ordre comme les Bene Geserit de Dune et jalonner des étapes qui pourrait à chaque étape devenir rentable et renforcer le mouvement.

Evidemment, il est hors de question que cet argent soit jeté par les fenêtre ou utilisé pour s'acheter des yatchs. Sans parler de pauvreté, il me semble qu'une certaine décence des dépenses est nécessaire pour un mouvement humaniste et progressiste. Mais si un groupe pouvait obtenir une indépendance financière pour payer à temps plein des codeurs sur de l'open source je pense que celà constituerai un immense pas en avant.

Digression

Attention cette idée est peut-être saugrenue. Mais elle raisonne depuis un moment il doit donc y avoir quelque chose a en tirer.

Une autre idée relative à cet « Ordre » serait de produire un « super software ». C'est un nom que j'ai inventé, je ne sais pas trop coment appeler ça.

L'idée serait de produire un ressource gigantesque et publique de code source. Une sorte de super repository potentiellement décentralisé mais 100% autonome et cohérent. Un peu comme tous les paquets Linux/BSD.

En fait j'aimerai aller encore plus loin. Dans l'idéal nous trouverions en tant que groupe un consensus sur un seul language de programmation qui possèderait toutes les propriété que nous pourrions vouloir. Ou au moins réduire les langages de programmation d'intérêt. Tout en prenant en compte l'évolution scientifique des languages de programmation.

Il faudrait que ce « super software » contienne des libs pour tout, mais tout en conservant les autres version (potentiellement fausses) des anciennes implémentation de fonction pour avoir une retro-compatibilité parfaite.

Ajouter du nouveau code ne pourrait ainsi jamais casser du vieux code. La modification de code serait interdite ainsi que la suppression de code (sauf peut-être exception de Garbage collect). Ainsi si il y a un bug dans une fonction, plutot que la modifier. Il faut réécrire une autre fonction, avec un autre nom (qui contiendrait probablement un numero de version).

Celà fabriquerait petit à petit une sorte de gigantesque « boule d'accretion code » (un peu comme le soleil).

De plus, d'expérience une petite équipe code mieux sur du code qu'une grande équipe. Ce qui rejoins l'idée de conserver un nombre de membre du groupe faible.

Merger serait trivial avec une simple convention de nommage. Le premier groupe s'appelerait 0x. Ses filles 0x0, 0x1, 0x2, … 0xf (on pourrait limiter le nombre de filles à 16). Les filles de 0x3 seraient alors (0x300x3f). Ainsi si la convention de nomage des fonctions serait: [function-name]-[groupe]-version. Et il n'y aurait jamais de conflit possible entre groupe puis que chaque commit serait uniquement additif avec des noms différents. Rien ne serait modifié ni supprimé. Evidemment j'imagine qu'une telle convention sera proposé nativement via des IDE, ou un système qui automatise le nommage. Ansi tous les merges seraient triviaux.

Après de longues années il n'est pas impossible que nous puissions avoir un code qui s'oriente uniquement vers des résolutions de problèmes utiles. Vers du progrès. Et pourquoi pas, même imaginer la fabrication de hardware dédié compatible avec ce système.

Avec un tel système de convention de nommage on pourrait même totalement décentraliser les codes sources et chaque « objet » connecté pourrait ne réclamer que les codes qu'ils souhaite de façon transitive.

Les mises à jours seraient aussi simplifiées et triviales.

Comment Techniquement?

Je n'ai pas parlé de l'implémentation techniques. L'hébergement ? Web, ssh, gpg, mails ? Pour l'instant c'est secondaire.

Cependant j'ai quelques petites idées:

J'imagine une interface qui ressemblerait à un forum de discussion un peu comme Reddit ou les newsgroups. Peut-être pas sur le web mais directement dans un terminal via ssh. Ce serait une première pour moi. Certains choix de l'interface de l'IETF sont intéressants aussi.

Quoi qu'il en soit, il faudrait que l'on « entre » dans la communauté. Avoir un petit temps d'attente qui permette de respirer avant d'entrer pour retrouver ses esprits et se mettre en condition. Avoir des messages de rappel des règles pour éviter les débordements, les erreurs.

Checker le contenu des commentaires pour potentiellement ajouter un rappel des règles. Typiquement si le message contient certains mots clés. Que le message est trop court, etc…

Uploader les clés GPG publiques de tous les membres pour discuter en privé via mail (ou autre). Si c'est le cas, il faudra que ce trousseau soit encrypté pour éviter les fuites publiques des emails des membres. Ou simplement demander à tout le monde d'envoyer les clés. L'idéal serait d'avoir de l'e2e et plus généralement de chiffrer toutes les communications internes.

Le volume des converstations devrait rester assez faible pour que l'on puisse tout lire à chaque fois. Et donc pas besoin d'un algorithme intelligent qui positionnerait des priorités de certaines discussions.

Peut-être avoir une notion de discussion amenée à son terme. On pourrait donc par consensus fermer une discussion lorsque l'on arrive à une conclusion. Et si c'est le cas pouvoir potentiellement publier une « production » qui retrace la conclusion de la discussion avec une explication des différents arguments. La discussion en elle même pouvant ou non rester cachée et archivée.

Peut-être décider d'un nombre maximal de sujet à traiter jusqu'à obtention de consensus. Si le consensus ne peut pas être atteint et que plus personne ne peut ajouter de commentaire sur la discussion. On pourrait mettre une discussion en « couveuse » pour un certain temps. Elle serait alors dépriorisée et réapparaitrait de nouveau au premier plan après le temps d'attente.

L'objectif final étant de produire des conclusions consensuelles et d'essayer d'avancer.

De même il me semble qu'il faudra un ou plusieurs repository git. Pour aider à la production de code.

Qui ?

Jusqu'ici je n'ai pas dit qui inclure et comment.

Mais je considère qu'il doit y avoir un certain nombre de qualités que nous devons rechercher chez les membres.

  1. Compétent techniquement; pas de nul.
  2. Éthiquement compatible; qui partage les valeurs du groupe.
  3. Socialement compatible; une personne ouverte d'esprit qui sera bienveillante envers les autres membres.
  4. Techniquement compatible; qui partage les opinions fortes du groupe sur le plan technique.
  5. Productif; il serait triste d'avoir des membres brillants incapables d'accepter des solutions temporaires imperfectes mais utiles. Il faut une personne qui aide à la production et qui ne s'arrête pas à la discussion théorique. Même si l'objectif est sur du temps long et qu'il n'y a pas de précipitation.
  6. Impliqués; nos vies modernes sont remplies et nous laissent peu de temps. Mais il faudrait que les membres puissent s'engager à participer pendant un temps régulier suffisant.

J'imagine pour que les choses se fasse bien il faudrait procéder un peu comme un recrutement.

Pour aussi montrer que joindre ce groupe c'est différent de juste d'abonner à reddit ou HN.

Conclusion

Merci d'avoir lu jusqu'ici.

Si ce n'est pas clair je voudrais simplement lancer une discussion sur le sujet.

Et je tiens à ajouter que je n'ai aucune compétence ni en science sociale, ni en science politique. J'ai très probablement émis une énorme quantité d'erreurs et d'idées naives sur ces sujets.

Cependant j'espère que cette idée pourrait contribuer à créer une bulle protectrice pour un environnement positif. Positif pour nous mais aussi pour les autres. Avec un petit espoir qu'une telle communauté puisse naître et avoir une influence positive.

À bien y regarder, il s'agit simplement de faire des communautés comme ce qui existe déjà pour la plupart des projets open sources. Mais au lieu de se focaliser sur un outil technique ici il s'agit d'aller plus sur le terrain de la politique et de la philosophie tout en ne négligeant pas le coté « travail productif » pour qu'il en découle du concret.

J'attends vos commentaires avec impatience. Bien entendu, si vous pensez que je me trompe complètement, je préfère une honnêté brutale à un compatissement bienveillant. N'hésitez pas à émettres vos critiques et vos idées.

Si suffisamment d'entre vous me répondent et que vous acceptez de partager ces discussions entre vous. Je trouverai un moyen de tous nous mettre en relation. Bien que je pense cet aspect de communication direct est aussi intéressant.

Et si vous êtes même partiellement convaincu. Dans ce cas, nous pourrons commencer à discuter des détails d'organisation et des détails techniques. Et probablement ainsi construire ensemble une communauté de confiance qui nous convient.